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Zoé ne pouvait s’empêcher de frissonner malgré la chaleur moite que les bouches d’aération exhalaient dans la salle d’attente du service de chirurgie. Elle était assise au bord d’une chaise de plastique dur et ne quittait pas des yeux la porte à double battant fermée. Elle était mortellement inquiète à l’idée de ce qui se passait de l’autre côté.
Elle avait conduit le Cat jusqu’aux urgences de l’hôpital, mais ensuite tout se fondait dans une sorte de brouillard. Ils avaient allongé Ry sur un chariot, lui avaient mis un masque à oxygène sur le visage et des aiguilles dans les bras, des perfusions de plasma et d’autres liquides. Ils avaient demandé son groupe sanguin à Zoé, mais elle ne le connaissait pas. Ils l’avaient interrogée pour savoir s’il était allergique à quoi que ce soit, mais elle ne le savait pas non plus. Elle ne savait même pas exactement son âge. Elle avait l’impression de connaître jusqu’au fond de son âme, alors comment pouvait-elle ignorer toutes ces choses à son sujet ?
Et puis ils l’avaient emmené, et elle avait été séparée de lui si vite qu’elle n’avait même pas eu le temps de l’embrasser ou de lui effleurer la main, pas le temps de lui dire qu’il devait revenir pour elle. Au bout d’un moment on lui avait dit d’attendre là, et elle attendait, toute seule, depuis un millier d’années.
Une femme en pyjama d’hôpital blanc en polyester et tenant une écritoire était entrée une seule fois dans la pièce, juste le temps de lui remettre un sachet en plastique fermé par une glissière. Dedans, il y avait les objets que contenaient les poches de Ry : un portefeuille, un téléphone portable, la clé de leur chambre d’hôtel, un briquet, une lampe-torche, un jeu d’outils miniatures, un rouleau de fil de fer et ce qui ressemblait à un nécessaire pour crocheter les serrures. Typique de toi, O’Malley, toujours paré à toute éventualité, pensa Zoé avec un sourire trempé de larmes qui se mua en sanglots, et elle écrasa le sachet sur sa poitrine comme si c’était une corde de rappel qu’il lui lançait, un peu de lui pour l’aider à surmonter cette attente interminable, qui se poursuivait et n’en finissait pas.
Elle était sur le point de cogner à coups redoublés sur la porte en hurlant pour appeler quelqu’un, pour qu’on lui dise ce qui se passait lorsque les deux battants s’ouvrirent devant une femme sans âge, en pyjama d’hôpital taché de sang. La chirurgienne. Zoé se leva avec raideur, le cœur au bord des lèvres, tremblante de crainte. Elle essaya de devancer les nouvelles qu’elle lui apportait en déchiffrant son expression, mais elle ne vit que de l’épuisement.
« La balle est entrée et sortie nettement, annonça-t-elle. Il a une côte cassée, il y a eu des dégâts musculaires, mais aucun organe vital n’a été atteint. Il devrait s’en remettre sans séquelles.
— Alors, commença Zoé d’une voix brisée comme si elle avait passé ces dernières heures à hurler, alors, il va s’en sortir ? »
La chirurgienne sembla hésiter une seconde.
« En ce qui concerne la plaie par balle, l’opération était relativement aisée. Ce qui est plus inquiétant, c’est l’infection bactérienne virulente qui a envahi son organisme. J’ai cru comprendre qu’il était tombé dans une mare d’eau stagnante, après avoir été blessé ? » Zoé hocha vaguement la tête, comme engourdie. En avait-elle parlé à quelqu’un pendant le chaos contrôlé de l’admission aux urgences ? La chirurgienne hocha la tête et ajouta avec un soupir : « Tout ici, l’eau, la terre, l’air que nous respirons, est plein d’une invraisemblable quantité de toxines. Nos fonderies relâchent chaque année deux millions de tonnes de dioxyde de soufre dans l’atmosphère, pour ne parler que de cela. Nous avons constamment des pluies acides, il n’y a plus de végétation, plus d’oiseaux, et la pollution par les métaux lourds a atteint un niveau tel qu’il pourrait devenir économiquement viable d’exploiter le sol même sur lequel nous marchons. » Elle secoua à nouveau la tête. « Personne ne devrait vivre à Norilsk, vraiment.
— Mais j’avais cru que… » Que racontait-elle donc ? « Vous voulez dire qu’il va mourir, alors ? »
Le docteur hésita à nouveau.
« Je me dois de vous dire la vérité. Il est dans un état très critique. Il se pourrait en effet qu’il ne se remette pas de cette infection. Nous avons affaire à une bactérie pernicieuse, très toxique. Les prochaines heures seront décisives. On lui administre un cocktail à haute dose d’antibiotiques, de la vancomycine, du chloramphénicol et des sulfamides pour juguler le processus infectieux. Le pronostic est très dépendant des facteurs de résistance de cette bactérie spécifique et de la réponse du système immunitaire du patient. »
Zoé essaya de réfléchir au million de questions qu’elle aurait dû poser, mais elle avait l’impression que son esprit était aux abonnés absents. Et la chirurgienne, ayant fait son devoir, tournait déjà les talons.
« Docteur, attendez… Je peux le voir ?
— Pas avant deux bonnes heures au moins. Il est en salle de réveil, après quoi on le transférera en soins intensifs. Nous ferons le bilan à ce moment-là. L’infirmière vous tiendra au courant.
— Merci », dit Zoé.
Mais elle parlait déjà au dos du docteur, qui disparaissait derrière la double porte battante.
Les pas de Zoé la portèrent vers une fenêtre qui donnait sur un parking presque vide, et une étrange forêt de pylônes de béton rouillé dressés sur la neige. Le sac plastique qui contenait les affaires de Ry se mit à frémir dans sa main. Elle pensa d’abord que c’étaient ses nerfs qui finissaient par la lâcher, et puis elle se rendit compte que c’était le téléphone portable de Ry qui vibrait.
Elle regarda l’appareil, en se demandant quoi faire. Devait-elle répondre ? C’était un des appareils à carte prépayée qu’ils s’étaient procurés à Saint-Pétersbourg, alors qui pouvait bien connaître son numéro ?
Les mains un peu tremblantes, elle fit coulisser la glissière qui fermait le sachet, prit le téléphone et l’ouvrit.
« Da ? »
Il y eut un silence à l’autre bout, puis :
« Mademoiselle Dmitroff ? C’est le professeur Vitaliy Nikitin. »
Zoé retrouva une respiration normale.
« Je suis désolé, professeur Nikitin, mais Ry est injoignable pour le moment.
— C’est une bactérie, dit-il d’une voix surexcitée.
— Pardon ?
— Le fluide visqueux, rouge luminescent, que vous m’avez confié pour que je le fasse analyser. C’est une bactérie. Ou plutôt, pour être plus précis, c’est une bactérie, mais elle a aussi des gènes d’archéo-bactérie, le plus primitif des micro-organismes de la terre. C’est extrêmement fascinant. » Il y eut une brève pause, puis il poursuivit plus bas, d’une voix réduite à un murmure, comme s’il avait peur que l’on surprenne ses paroles. « Mademoiselle Dmitroff, je pense que ça pourrait être vrai. Il se pourrait que ce soit une véritable fontaine de Jouvence. »
Le cerveau de Zoé mit un moment à se remettre en route, à se souvenir du soir où elle avait donné au professeur Nikitin le petit flacon de jus d’os à analyser. Ça remontait à une éternité, aux temps heureux où ils pensaient encore que l’autel d’ossements était plus ou moins une légende sibérienne pittoresque.
Mais Nikitin parut prendre son silence pour de l’incrédulité. Il poursuivit :
« Je ne sais pas si vous vous souvenez, je vous ai dit qu’Olga… ma collègue, le professeur Tarasov, de l’Institut de biorégulation et de gérontologie, faisait des expériences sur les gènes de longévité des ascarides, les vers ronds. Il y a, chez ce ver, un gène régulateur, le daf-2, qui code pour une centaine de gènes impliqués dans le vieillissement. Imaginez le daf-2 comme un chef d’orchestre qui dirigerait les flûtes, les violons et les violoncelles. Chaque instrument joue sa partition individuelle, mais ils jouent tous dans le même ensemble. Vous comprenez, mademoiselle Dmitroff ?
— Je crois.
— Compte tenu des légendes qui entourent la bactérie rouge, nous avons eu l’idée de l’injecter dans les cellules de quelques dizaines d’ascaris, juste pour voir ce qui se passerait, et à notre grande surprise nous avons observé que la bactérie transportait des séquences de son ADN dans les gènes daf-2 des vers récepteurs, entraînant chez eux une mutation. Disons, si vous voulez, que ça fait du daf-2 un meilleur chef d’orchestre. Tout à coup, les cellules « instruments à cordes » régénérées ont entrepris de nettoyer les vers des toxines accumulées, de réparer les dégâts causés par les radicaux libres. On a vu les cellules « instruments à vent » booster le métabolisme des lipides, améliorer les échanges et l’utilisation des nutriments de telle sorte qu’ils deviennent plus performants, plus résistants. Et les cellules « cuivres » se sont mises à réparer des séquences d’ADN endommagé, les « violons » à combattre les bactéries responsables des infections, et ainsi de suite. Je simplifie à outrance, mais on peut dire que le daf-2 des vers fait jouer tous les gènes responsables de la longévité dans une harmonie presque parfaite, les empêchant de vieillir. Prolongeant peut-être même éternellement leur vie, encore que ça reste à voir. »
En l’entendant prononcer les mots « combattre les bactéries responsables des infections », Zoé eut l’impression que sa respiration s’était arrêtée et que son cœur avait cessé de battre.
« Professeur Nikitin, vous dites que l’aut… que la bactérie rouge modifie l’ADN de telle sorte qu’elle permet de mieux combattre les infections ? Même les infections vraiment graves ?
— En effet. C’est comme si le système immunitaire naturel des vers avait été dopé au point d’arriver à foudroyer une infection bactérienne. Pour employer une image qui vous sera familière, comme le pistolet laser d’un de vos films américains de guerre dans l’espace. »
Pendant un bref instant, Zoé eut l’impression que la terre s’était ouverte sous ses pieds et qu’elle planait dans le vide. Ne me le donne pas… Elle lui avait promis de ne pas le lui donner. Elle le lui avait juré sur son amour. Mais ça, c’était avant que la chirurgienne lui dise qu’une infection était en train de le tuer, avant qu’elle ait la certitude que l’élixir pourrait…
Il suffit d’une goutte…
« Malheureusement, disait Nikitin, nous nous sommes aperçus trop tard que, une fois exposé à la lumière, ses propriétés commençaient à se détériorer. Il nous en reste à peine un dixième de centimètre cube utilisable, et pourtant il est évident qu’il nous faut poursuivre les investigations. Pour le moment, nous nous sommes bornés à observer ce qu’effectue la bactérie, mais nous ne comprenons pas comment, or il faudrait que nous puissions l’expliquer si nous voulons pouvoir la dupliquer et la reproduire en laboratoire. Il m’en faut davantage, mademoiselle Dmitroff. Vous comprenez ? Il m’en faut davantage.
— Il n’y en a plus.
— Mais vous êtes encore en Sibérie, je pense ? Vous ne m’avez pas dit que la fontaine trouvait son origine dans une grotte de là-bas ?
— Elle a été détruite. La grotte, tout, tout a disparu. »
Un long silence, puis il dit enfin :
« C’est vraiment regrettable. »
Mais Zoé entendait le scepticisme dans sa voix. Ce n’était pas un imbécile.
« Professeur Nikitin, en dehors de cette histoire de fontaine de Jouvence, la légende comportait un autre aspect. Un côté sombre. On disait autrefois que ceux qui en avaient bu devenaient mégalomanes. Alors, si la bactérie agit comme vous le dites, la vie de ceux qui en absorberaient n’aurait plus de fin, mais ce serait une vie vécue dans la folie.
— Aucun élément spécifique du génome humain n’a été identifié comme lié à cette psychose de la mégalomanie. Mais même si vous dites vrai, si la bactérie rouge provoque d’autres mutations génétiques qui influent sur l’esprit d’une façon ou d’une autre, on pourrait trouver le moyen de séparer les deux effets. De garder le positif et de contrer le négatif. »
Zoé regardait sans la voir la nuit noire derrière la vitre, lorsque tout à coup son regard se fixa sur son reflet sur le verre. Les cheveux d’or pâle, le front large, et les yeux gris en amande, largement écartés. Les pommettes russes et la peau russe, claire. Le visage de sa mère.
Quelle partie d’elle y a-t-il dans mon sang et dans ma chair ? Dans mes cellules ?
Nikitin disait maintenant quelque chose à propos de l’ADN mitochondrial, mais Zoé le coupa.
« Est-ce que c’est héréditaire, chez vos vers ronds ? Est-ce qu’ils transmettent à leurs descendants ce que la bactérie rouge fait à leurs gènes ? Par exemple, si on contamine une femelle ascaride avec cette bactérie, modifiant ses gènes de longévité, et qu’elle a des bébés… l’ADN des bébés vers est-il également modifié ?
— Le Caenorhabditis elegans est hermaphrodite, mais je comprends votre question. S’il est vrai que certaines mutations génétiques sont transmissibles, celle-ci n’a pas l’air de l’être. »
Zoé appuya sa tête contre la vitre, envahie par un profond soulagement. Le visage de sa mère, mais pas tous les gènes de sa mère. Faites, mon Dieu, faites que je n’aie pas les gènes mutants qui l’ont gardée éternellement jeune et lui ont empoisonné l’esprit…
« Mademoiselle Dmitroff, si vous avez quand même encore de cette bactérie rouge en votre possession, je vous implore de réfléchir. Pensez à ce que cela pourrait impliquer pour l’humanité, pour le monde. La plupart des maladies résultent d’un vieillissement généralisé. Les maladies cardio-vasculaires, le cancer sont les grands tueurs ; la maladie d’Alzheimer, le diabète et les infections opportunistes emportent la plupart des autres. Des organes s’usent et commencent à manifester des symptômes divers et variés. Pourtant le fait demeure que la science n’a pas réussi à prouver que la vie humaine était limitée par une date d’expiration biologique irréfutable. Si nos “pièces” pouvaient se régénérer, si on pouvait les remplacer, si les toxines accumulées pouvaient être éliminées, alors la plupart des maux qui nous tuent ne se développeraient jamais, déjà, à la base. » Il s’interrompit, mais Zoé ne répondit pas. Son attention était attirée par une lumière bleue intermittente, au loin, sur l’interminable route qui traversait la toundra désolée au-delà de Norilsk. « Entre-temps, on verra combien de temps vivront nos vers à l’ADN muté, à moins qu’ils ne meurent jamais. Malgré tout, je n’appellerais pas ça un don de vie éternelle. Parce qu’il sera toujours possible de mourir renversé par un camion, dans un accident d’avion, ou sous les coups de couteau d’un éventuel agresseur. Par conséquent, non, ce ne serait pas la vie éternelle, mais plutôt une vie infinie, dans la mesure où les cellules pourraient se reproduire indéfiniment…
— Professeur Nikitin, j’ai un imprévu, là. Je dois y aller. »
Zoé raccrocha et laissa tomber le téléphone dans sa poche tout en regardant le gyrophare bleu d’une voiture de police s’engager dans le parking en dessous.
Ils ne pouvaient pas faire autrement que d’appeler la police de Norilsk, bien sûr. On ne peut pas entrer à l’hôpital avec une blessure par balle sans qu’ils appellent la police.
Zoé savait bien qu’elle devrait affronter, tôt ou tard, les conséquences légales de la blessure de Ry. Il allait bien falloir qu’elle invente un mensonge plausible, mais elle n’était pas encore prête. Elle ne voulait pas être piégée en sortant d’un ascenseur, alors elle prit l’escalier de secours, descendit quatre étages et s’engagea dans un couloir désert. Elle attendit, cachée derrière la porte, assez longtemps pour voir deux flics sortir de leur voiture de patrouille et faire le tour vers l’entrée des urgences.
Dehors, le vent d’un froid mortel soulevait la neige en tourbillons de brouillard granuleux, glacé. Elle resta blottie contre la paroi du bâtiment pendant ce qui lui fit l’impression d’être un millier d’années, attendant que les flics ressortent et repartent avec leur véhicule.
Lorsqu’elle fut sûre qu’ils étaient partis pour de bon, elle reprit l’ascenseur pour l’étage de la chirurgie, mais elle évita la salle d’attente. Elle se faufila dans les couloirs et jeta un coup d’œil dans les chambres, l’une après l’autre, jusqu’à ce qu’elle trouve Ry.
L’espace d’un instant, elle crut qu’il était mort : elle eut l’impression que son cœur cessait de battre. Il avait le visage cireux, les lèvres exsangues. Il gisait dans une immobilité absolue, des perfusions dans les deux bras, relié à des machines qui émettaient des bips erratiques.
Une goutte suffit.
Je le jure. Sur mon amour.
L’icône et le film étaient dans un coffre-fort dans une banque de Saint-Pétersbourg, mais tout ce qui restait de l’autel d’ossements, Zoé l’avait sur elle en cet instant, dans la poche de sa parka. Dans un petit flacon d’échantillon de parfum, entouré dans un mouchoir en papier qu’elle avait mis dans une boîte de pastilles mentholées où il était à l’abri des chocs et de la lumière.
Lentement, le cœur battant, elle prit la boîte, la serra dans sa main. Elle avait peur, terriblement peur, rien que de le déballer, rien que de le toucher, même avec ses doigts protégés par des épaisseurs de Gore-Tex et de peau de mouton : peur que la tentation devienne trop forte. Elle en serait embrasée. Ça la consumerait.
Et pourtant, elle ne pouvait plus faire autrement.
Elle ouvrit la boîte de métal, la retourna pour faire tomber dans sa paume la fiole encore emmaillotée dans le mouchoir en papier, et referma le poing dessus.
Elle regarda le visage de Ry. Elle pouvait encore laisser tomber le petit flacon par terre, tout de suite, pensa-t-elle. L’écraser sous le talon de sa botte. En le détruisant, elle détruirait à jamais son noir héritage en même temps que la fascinante espérance qu’elle faisait miroiter.
Si elle le détruisait, il se pouvait que Ry meure, et s’il mourait, elle ne savait pas comment elle le supporterait.
S’il en buvait, il vivrait. C’était aussi simple que ça. Il ne vivrait pas seulement ce jour-là, et le lendemain, mais tous les jours, toutes les années de sa propre vie, et combien d’autres ensuite ? Elle ne connaîtrait jamais la souffrance de le perdre. Mais en le sauvant, l’autel le changerait aussi, le changerait peut-être en quelqu’un qu’elle ne pourrait plus aimer. Et s’il découvrait qu’elle le lui avait donné, elle savait qu’il ne le lui pardonnerait jamais. Alors, que leur resterait-il à l’un et à l’autre ?
Elle sentait la chaleur vibrante de l’élixir, perceptible même malgré l’épaisseur de son gant. Elle voyait la lueur rouge, phosphorescente, rayonner à travers le mouchoir en papier et entre ses doigts crispés sur la fiole.
Une goutte suffit.
Mais elle avait juré. Sur son amour.